De la Bretagne aux estampes japonaises
Enfants luttant (juillet 1888), qu'il décrit à Vincent Van Gogh:" Je viens de terminer une lutte bretonne que vous aimerez, j'en suis sûr..."
La Bretagne, l'été 1886, avait offert un refuge commode. Cette fois, elle fait figure de mythe. Gauguin comprend maintenant qu'elle peut lui fournir mieux que le vivre et le motif: une première approche de ce qu'il cherche depuis plusieurs années, un ressourcement, le moyen d'exprimer quelque chose qui lui est propre.
Au mois d'Août 1888, date de cette nature morte, Les trois petits chiens, Gauguin, on le sait par une lettre de Vincent Van Gogh à son frère voulait faire de la "peinture d'enfant". Le sujet lui-même trois petits chiens, trois petits verres, fait penser à une comptine, mais le style surtout, si élémentaire, si apparemment maladroit, correspond à une volonté délibérée de naïveté primitive. Le dessin de Hokusai, représentant des chiots, offre l'exemple de ce que recherchait Gauguin dans les estampes japonaises: une disposition des objets sur le plan du tableau et une vue plongeante sans perspective.
les chiots par Hokusai
Cette fois, l'invention picturale accompagne la théorie et les six mois bretons sont pour Gauguin intensément productifs, ne serait-ce qu'en quantité: soixante-quinze tableaux répertoriés pour l'année 1888, vingt-quatre seulement pour l'année précédente. Quand à la qualité, quelques tableaux en témoignent: les enfants luttant, où l'espace est traité de façon tout à fait neuve et non imitative, où formes et couleurs correspondent à la simplification et à la synthèse qu'il disait chercher. De l'influence des simplifications de l'estampe japonaise, il est bien conscient, et décrit son tableau comme "tout à fait japonais par un sauvage du Pérou"
( entre 1849 et l'automne 1854, Gauguin passe les premières années de sa vie au Pérou)