Aristide Maillol

Aristide Maillol- Le couple 1898- bronze

Après le tumulteux génie de Rodin les meilleurs sculpteurs comprirent qu'ils ne pouvaient plus suivre cette voie, comme épuisée désormais. Les quelques-uns qui s'y hasardèrent périrent dans l'abîme, caricaturèrent son art dans une copie sans âme. Alors chacun chercha son propre chemin; à la tempête devait succéder le calme, à l'universalité l'originalité de la différence. Ainsi Camille Claudel, première femme sculpteur importante en France, sensible à l'extrême, tourmentée, créa un art d'une grande intensité intérieure, plus meurtri que celui de Rodin, meurtrie par Rodin.Emile-antoine Bourdelle, élève de Dalou, apprenti puis praticien de Rodin, admirait le maître mais il n'avait pas le goût de la chair, il préférait l'éternité de l'âme. Il retrouva sa nature dans la force sereine de la Grèce archaïque. Il eut le sens de l'ampleur mais aussi de la mesure et de la retenue, de la clarté des masses et tout autant du rythme des lignes. Il croyait que l'architecture et la sculpture devaient rester complémentaires comme aux grandes époques de la grèces ou du moyen-age. Son art amorce l'expressionnisme du XXè siècle.

Aristide Maillol- Flore 1912- Bronze

Tous ne furent pas élèves ou praticiens de Rodin, mais aucun ne pouvait l'ignorer. Sa présence ombrageuse et encombrante occupait tout l'espace et les jeunes sculpteurs essayaient de prendrent leirs distances. Aristide Maillol, peintre devenu sculpteur, fit de son oeuvre un poème en l'honneur du corps féminin. Il aimait la chair, non la chair tourmentée de Rodin, mais celle d'un beau fruit mûr, pulpeuse et sensuelle: toujours le même sujet dont le nom varie comme une pose, "la méditérranée", "flore", "la nuit", "le fleuve", le printemps", "Vénus au collier"... et toujours le même appétit. Formes rondes, généreuses, volupteuses, physiques, païennes, calmes et désirables, chaleureuses et rassurantes.