Utrillo à Montmartre
Impasse Cottin (1910 environ)
Paris, Musée National d'Art moderme.
Utrillo descend de cette illustre lignée de saltimbanques venus à Montmartre parce que les loyers n'y sont pas chers, la vue sur Paris magnifique, et le maquis une aubaine pour qui doit fuir ou se cacher. Sa mère était acrobate au cirque Fernando. Après une chute qui l'empêcha de voltiger davantage, elle devint modèle. Puvis de Chavannes et Toulouse-Lautrec la peignirent. Puis Renoir et Degas. Celui-ci l'encouragea à peindre. C'est ainsi que Marie-Clémentine devint Suzanne la bien nommée Valadon. Un coeur d'or, une nature généreuse: elle s'offrit à presque tous ses inspirateurs, plus quelques autres dont Erik Satie, le musicien d'Arcueil descendu au Chat noir, boulevard Rochechouart, où Alphonse Allais se produisait aussi.
Le père d'Utrillo s'est égaré dans les nuits maternelles: nul ne sait exactement qui il fut. Son beau-père, en revanche,trône au centre des protraits de famille. A l'origine, André Utter était un camarade d'Utrillo. La grâce des rencontres fit de lui l'amant de sa mère. Aucun des trois n'avais la vocation. Il avait vingt ans de moins qu'elle, et quelques mois de moins que son ami devenu beau-fils. Mais il partageait le goût de ses deux ainés pour la peinture. Aucun des trois n'avait la vocation. Maurice moins qu'un autre: sa mère le colla devant une toile sur le conseil d'un spychiatre de Sainte-Anne qui lui avait suggéré de trouver une occupation permettant à son fils de se détourner de la dive bouteille.