Edouard Manet et Rembrandt
Rembrandt
Bethsabée au bain 1654, Paris- musée du Louvre
La matière de Rembrandt, si mystérieusement dotée d'une précieuse luminosité intérieur ( la Bethsabée au bain faisait partie de la collection de la Caze avant d'entrer au Louvre), les formes opulentes et le vif chromatisme de Rubens,composent le spectre dans lequel s'inscrit la Nymphe surprise de 1861, une composition qui révèle l'intention ambitieuse de se mesurer avec le genre majeur du Salon, la peinture historique et mythologique.
Nymphe surprise 1861
Edouard Manet
La genèse du tableau est complexe: conçu en 1859 sous le titre de Moïse sauvé des eaux, transformé une première fois en Nymphe et satyre, il est réduit à un seul nu féminin et Manet révèle par ce choix qu'il maîtrise déjà tous les thèmes de sa maturité picturale. Le sens de l'histoire est désormais restitué par fragments: au public, le soin de la compléter. Surprise (mais pas trop) dans sa nudité, privée de son deuxième acteur, la nymphe Suzanne interpelle des yeux le spectateur, qu'elle contraint, dans cet échange de regards, à jouer le rôle du satyre absent, par un jeu ambigu de complicité et de voyeurisme. Ce sont déjà les yeux d'Olympia.