Les racines du surréalisme
Jacques Hérold
la rencontre, 1936
Appolinaire a écrit en 1917 "les mamelles de Tirésias", un drame en deux actes qu'il définit comme un drame surréaliste. C'est en l'honneur du poète mort de la grippe espagnole à son retour du front que le mouvement adoptera ce néologisme en 1924. Le surréalisme ne naît pas directement de l'échec de Dada à Paris; il participera de la même entreprise de démoralisation, tient dès l'origine en très haute considération la poèsie et possède des racines dans l'automatisme vehiculés par les champs magnétiques. Ce texte écrit " à deux mains" par André Breton et philippe Soupault en 1920 met au défi les censures de la raison par l'automatisme d'une écriture très rapide pour atteindre un état de l'inconscient chargé d'éclairs poétique. Breton a découvert la psychanalyse de Freud lorsqu'il était affecté au centre psychiatrique de la IIè armée à Saint-Dizier en 1917.
Roberto Matta pour les 120 journées du marquis de Sade, 1943
La découverte de l'inconscient à travers les rêves est une des clés du surréalisme. Publié en Décembre 1924, le premier "manifeste du surréalisme" s'accorde à cette expérience et se définit comme un automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement de la pensée. Dictée de la pensée en l'absence de toute préoccupation esthétique ou morale.
" le rêve est une seconde vie...Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible... L'imagination m'apportait des délices infinis...Plus les rapports de deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte, plus elle aura de la puissance émotive et de la réalité poétique.
L'héritage romantique du surréalisme est de croire à la toute-puissance du rêve, l'objective de la révolution étant d'abolir la frontière entre le rêve et la réalité: " l'amour, la poèsie, c'est ce seul ressort que la pensée humaine parviendra à reprendre le large.