Fantin-Latour

Fleurs de printemps, pommes et poires.

La nature morte est, plus que tout autre thème pictural, celui où le peintre peut feindre d'être réaliste quand, en fait, il invente son monde. La réalité n'est plus que le catalogue de détails mis à sa disposition et dont il fait un usage assez semblable à celui du musicien composant sa mélodie avec les notes de tout le monde. Une équivalence de la peinture avec le monde de la musique dont, par ailleurs, il est vivement épris, et dont il apprécie grandement les représentants de son temps.

Nature morte aux cerises.

Une nature morte n'est jamais qu'une mélodie du monde du visible. Elle pose le problème du silence dans le monde la peinture, quand toute scène vivante pose celui de la temporalité.

Edwards, un amateur inconditionnel de Fantin, ne peut lui cacher la réaction d'un amateur devant quelques-unes de ses compositions:<< Que c'est charmant, c'est très joli, mais après tout, cela n'est qu'une pomme, une cerise, un verre d'eau>>

Et un critique aussi pertinent que Champfleury n'échappe pas au préjugé régnant qui, commentant la participation de Delacroix au Salon de 1849, signale ses compositions florales, leur accordant un mérite superficiel: << Rien n'est plus réjouissant, plus brillant et plus joyeux mais en même temps ces fleurs et ces fruits sont des tableaux.>>