Utrillo à Montmartre
Impasse Cottin (1910 environ)
Paris, musée national d'art Moderne
La découverte enthousiasme du monde naturel et de ses apparences, la joie extatique et enivrante qui en découle, ce sentiment de bonheur innocent et primitif donné par la conscience d'un prodige que fut pour les impressionnistes la révélation de la lumière et du plein air, des formes qui varient et se desintègrent sous la caresse enveloppante de l'atmosphère, tout cela n'éveille aucun écho dans l'esprit d'Utrillo. Lorsqu'il commence à peindre, en 1901, la dernière exposition collective de l'école impressionniste remonte à quinze ans déjà.
Maurice Utrillo (1883-1955)
est l'un des rares peintres de Montmartre né sur la Butte.
Quinze années tourmentées, orageuses et fécondes, au cours desquelles la vision d'un Monet ou d'un Renoir a peu à peu été définitivement dépassée, quinze années qui ont vu le naturalisme céder lentement devant les exigences inquiètes d'une vérité intérieure, dont la recherche s'est cristallisée à travers les trames multiples du post-impressionnisme et du symbolisme. Et Utrillo, tout muré qu'il soit dans son isolement, étranger à tout discussion, ignorant de tout problème d'ordre théorique, reste malgré tout fils de ses temps nouveaux, pris par l'inquiètude spirituelle, héritage du XIXè siècle.