La fileuse endormie 1853 La fileuse apparaît de
La fileuse endormie 1853
La fileuse apparaît de prime abord comme un tableau convenable, une scène de la vie quotidienne. Le sommeil est un thème que Courbet a traité abondamment; sa "liseuse endormie" est très proche dans son abandon de cette fileuse, de même que le personnage assoupi des "demoiselles des bords de seine". Ce sommeil féminin est chez Courbet teinté d'un voyeurisme explicite et, s'il y a loin entre la"fileuse" et une figure érotique, une sensualité est ici à l'oeuvre. Nous nous trouvons ainsi au coeur de la peinture de Courbet: la matérialité des étoffes, le réalisme des attitudes, la suavité de l'abandon, en font avant tout un sujet charnel et terrien. Pourtant, la complexité des détails, des références iconographiques et de leur réinterprétation plus ou moins consciente dote l'oeuvre d'une charge sociale venant déranger l'ordre et la morale, et susciter les passions.
Portrait de Baudelaire 1848
La rencontre entre les deux hommes remonte à l'époque de la bohème réaliste, quand tous deux partagent un intérêt commun pour le réel. Baudelaire le contempleur de la vie moderne, Courbet le peintre des corps pesants et d'un monde vrai.L'iconographie de Charles Baudelaire est aussi vaste qu'abondamment diffusé; son visage saturnien, restitué par les photographies de Nadar, Carjat, hante la mémoire collective avec son front dégarni, les yeux fixes, la bouche fine, les joues creuses, les cheveux flottants, la lavallière défaite. Parmi les portraits dessinés conservés au musée du Louvre, les plus inquiétants sont ceux, criblés de hachures, que l'on doit au poète (1860), les plus doux sont ceux d'Henri Fantin-Latour, le plus fin, une délicate gravure d'Edouard Manet (1862).